Commentaire la de carte 363 (la) porte de l’Atlas linguistique et ethnographique de la Lorraine romane II. Études lorraines IV

Joseph Reisdoerfer (Luxembourg)

http://dx.doi.org/10.13092/lo.84.3848


 

1 Introduction

Cette étude s’insère dans une série d’articles analysant des cartes de l’Atlas linguistique et ethnographique de la Lorraine Romane (ALLR) : le premier publié dans les Mélanges Johannes Kramer, « Die Bezeichnungen für Treppe in den lothringischen Mundarten » (2011), le second dans le Bulletin linguistique et ethnologique de l’Institut grand-ducal, « Les dénominations de l’évier dans les patois lorrains » (2013). Il s’agit à chaque fois de commenter, d’un point de vue lexical d’abord, des cartes de l’ALLR selon un programme de recherches et des procédures d’analyse définis dans notre article « Les grands travaux de la dialectologie française : Pour un commentaire des atlas linguistiques régionaux », Cahiers de Linguistique du Centre Universitaire I (1995) 37–47.

Les articles sont fondés sur les commentaires détaillés de certaines cartes de l’ALLR II établis dans notre thèse de doctorat, (1991), « Le mauhon lourinne : commentaire lexical de 35 cartes de l’ALLR 2 se rapportant à la maison lorraine », (Nancy 2).

La carte que nous nous proposons d’analyser dans cet article détaille les différentes dénominations de la porte dans les parlers lorrains. Son intérêt est double : d’une part, elle documente l’archaïsme des parlers en ce sens que le lorrain, à l’opposé du français, a conservé le binôme porte ‘grande ouverture’ et huis ‘petite ouverture’, de l’autre, elle révèle que certains parlers lorrains gardent les traces d’une latinité adossée au latin classique.


2 Ethnographica

La maison lorraine type est une maison-bloc construite en profondeur et disposant de trois travées ou rains réservées respectivement aux hommes – le logis –, à la récolte – la grange – et aux animaux – l’étable –.1 Une telle maison présentera partant trois entrées, l’une grande, la porte de la grange, deux plus petites, les portes, les huis, du logis et de l’étable:

La porte de la grange :

La porte de grange, entrée principale ou même unique, a des dimensions rares pour peu que son linteau soit cintré : il a été la forme conquérante de la reconstruction du XVIIIe siècle et au début du XIXe, une mode très appréciée dans la moitié orientale de la Lorraine ; en Barrois, on a préféré le linteau droit, composé de blocs calibrés avec soin ; de même dans les régions forestières riches en poutres légèrement cintrées. Au siècle dernier, la taille des voitures de gerbes et de fourrage croissait : on a adopté la grande porte à linteau de bois et de fer rigide

(Gérard/Lanher 1984: 50)

Figure 1: Maison lorraine à trois rains à Torgny (Gaume, Belgique; © Laurette Reisdoerfer)

Les huis du logis et de l’étable :

Les maçons ont réduit les autres ouvertures au strict nécessaire, les portes étant surmontées d’un arc de décharge dissimulé sous le crépi. Les deux entrées des gens et des bêtes sont basses, parfois accolées à la porte charretière comme les trois panneaux d’un triptyque rustique. Il arrive que la porte d’habitation, éloignée de celle de la grange, ait reçu un décor ostentatoire de sculptures : c’est très net dans les régions de Badonviller, Lunéville et celle de Saint-Dié-Wisembach, où des tailleurs de pierres, peut-être étrangers, des ciseleurs de linteaux de grès, ont créé et répété, avec de subtiles variantes, de vrais décors monumentaux composés de frontons, de niches, de cadres moulurés, de dédicaces pieuses ;

(Gérard/Lanher 1984: 51)3

Figure 2: Les dénominations de la porte en Lorraine romane (Carte de base gracieusement mise à disposition par le Professeur Hans Goebl, Université de Salzbourg)


3 Étude de la carte ALLR II 363 (la) porte

3.1 Types cartographiés

La carte présente une structure assez claire : le domaine est dominé par le type (a) heus, [oèç], [óx]4, […] représenté par 90 occurrences, soit 64,29 %, qui recouvrent la totalité de la Lorraine à l’exception de la majeure partie du département de la Meuse.

Le nord et l’ouest du domaine sont occupés par les types (b) huis – Meuse essentiellement – représenté par 26 occurrences, soit 18,57 %, et (c) porte, 24 occurrences, soit 17.14 %, attesté principalement sur de petites aires au nord-ouest de la Meuse et au sud-ouest du domaine (Vosges, Bassigny lorrain).

Relevons par ailleurs que sur un point au moins les données fournies par la carte sont sujettes à caution.

En effet, l’ancien et le moyen français comme l’ancien lorrain distinguaient entre une grande porte, la porte et une petite porte, l’huis.5 Dans le lorrain documenté par l’ALLR – XIXe–XXe s. –, l’opposition huis ‘petite porte’, ‘porte de la maison’ et porte ‘grande porte’ semble ne s’être maintenue que dans 12 localités.6 Dans la Meuse, par exemple, on ne la trouve qu’aux points 5 Véry, 15 Brizeaux et 31 Menancourt.

Toutefois, les indications des glossaires ainsi que le commentaire détaillé de la carte 363 fait par le professeur Lanher lui-même montrent qu’il n’en est rien.

C’est ainsi que d’après Piquet (1929: 94, 114) pu:rt désigne « une porte haute et large » alors que l’üç « la porte petite ou de dimensions moyennes ».7 D’après Varlet (1978: 220), la poutote est une « porte moins grande que la porte de grange ou Poûte, mais plus grande que les portes de chambre ou Us’ ».8

Le commentaire de M. Lanher est également sans équivoque sur ce point:

Deux types de réalisations sont attestés, de manière très vivante : porte et huis.

À première vue, le terme porte est connu de tous les témoins, de quelque région qu’ils soient, et il est donné spontanément dans un premier jet : pôrte, poûrte, … Il s’agit alors du terme générique, désignant toute ouverture, de façon non différenciée, grange, écurie, corps de logis.

Mais dès qu’il s’agit de marquer la distinction entre la porte, que ce soit une grande ouverture comme celle de la grange ou qu’elle soit de dimension plus réduite (d’une seule pièce, ou en deux vantaux horizontaux pour l’écurie), et la porte d’accès au corps de logis lui-même, le signifiant utilisé de façon générale représente une forme issue de l’étymon latin ostiu. La répartition sémantique est ainsi très tranchée : l’usse, … est sentie comme de petite dimension, et appliquée à la porte qui met en communication le logis, soit avec la rue : l’usse … de devant, soit avec la cour d’arrière : l’usse … de derrière, soit avec les pièces de communication intérieure.

(1982: 49–50)

Relevons également qu’une opposition comparable existe en allemand et dans les parlers germaniques limitrophes de la Lorraine : Tür/Pforte en allemand, Dir/Port dans les dialectes franciques (WdlM 90b, 57b), Dir/Paart en luxembourgeois (LW1, 211a; III, 305b), … Il se pourrait donc que l’adstrat germanique ait contribué au maintien de l’opposition huis/porte en Lorraine.

Les indications de la carte de l’ALLR sont partant incomplètes en l’occurrence et l’opposition porte/huis devrait avoir été maintenue sur une grande partie du domaine lorrain : la porte désigne la ‘grande porte’, la ‘porte de la grange’, l’huis la ‘petite porte ’, les ‘portes – avant/arrière/intérieure – de la maison’.9

La quasi-absence du binôme porte ‘grande porte’, huis ‘petite porte’ sur la carte de l’ALLR pourrait s’expliquer par un questionnaire inadapté à une situation complexe: comme le suggèrent les remarques du Professeur Lanher lui-même (1982: 49–50), les enquêteurs se sont probablement bornés à interroger les témoins sur les dénominations de la porte dans les patois sans introduire les distinctions petite porte, grande porte de telle sorte qu’en fin de compte les rédacteurs disposaient de données très incomplètes. Quoi qu’il en soit, on peut recourir désormais aux corrections sans équivoque du Professeur Lanher – « Deux types de réalisations sont attestés, de manière très vivante: porte et huis. » – et à notre commentaire de la carte qui remplit ici pleinement sa fonction de correctif.

Dans l’étude des différents types que nous abordons maintenant, nous commencerons par celle du type (b) huis attesté à la fois en français et en lorrain ; puis, nous passerons au type (a) heus particulier à la Lorraine ; nous terminerons par l’étude de (c) porte, le seul type employé aujourd’hui en français standard.

3.2 Étude des types

3.2.1 (b) huis

(b) huis remonte à un mot du latin tardif ŪSTIUM10 attesté chez Marcellus Empiricus (vers 400 PCN) (FEW 7, 439b; Ernout/Meillet: 471a) issu par métaphonie du latin classique ŌSTIUM, le Ō se fermant en sous l’influence de I. (FEW 7, 439b; Fouché: II 416–417).

En français, huis est attesté depuis le XIe siècle (FEW 7, 437a; TLFi s. v. huis). À côté de la forme huis de genre masculin, l’ancien et le moyen français connaissaient également une forme féminine huisse (FEW 7, 437a–b; DEAFél s. v. uisse, f.; Gdf 4, 524a–b; DFM 3381b; DMF s. v. huisse11) dont le genre devrait s’expliquer par l’influence du féminin porte (FEW 7, 439 note 2).

En ancien et moyen français, huis désignait, d’après le sens du lat. OSTIUM (Gaffiot s. v. ostium), ‘la petite porte’, ‘la porte extérieure de la maison’ (Gdf 9, 773a–b; DFM 3381a; DMF s. v. huis) alors que porte, en conformité avec le lat. PORTA (Ernout/Meillet: 523b) se rapportait à ‘la grande porte d’une ville’ et également à ‘la porte extérieure de la maison’ (FEW 9, 198b, 202a) :

Me faisant fermer les huys de sa dite maison par ses gens (Gdf 9, 773b)

mais

Cum el perveng a Golgota, / Davan la porta de la ciptat (Tobler/Lommatzsch: 7, col. 1579; DFM 2661a).12

Depuis le XVIIe s., huis est considéré comme vieilli (Gamillscheg: 530a ; DAF 1694: s. v. huis) et ne survit aujourd’hui que dans l’expression (à) huis clos (TLFi s. v. huis). Dans la langue moderne, l’opposition huis ‘porte d’une maison’/porte ‘porte d’une ville’ a donc disparu et le champ onomasiologique est couvert par le seul terme porte.

En lorrain, huis est attesté dès le XIIe siècle avec le sens de ‘porte extérieure de la maison’ (FEW 7, 437a; DEAFél s. v. huisse, f.).

En lorrain ancien, il semble qu’on distinguait également entre huis ‘petite porte’ et porte ‘grande porte’: « Abatirent les portes, les usses, les fenêtres de lai maison (Gdf 4, 524a). »

En lorrain moderne, cette opposition a été probablement maintenue et les indications de la carte de l’ALLR devraient être incomplètes comme nous l’avons déjà indiqué plus haut. Toutefois, sur une petite aire située au nord-ouest de la Lorraine, à la frontière avec la Champagne, cette opposition devrait avoir été neutralisée et seul subsiste le type (c) porte.13 Cette neutralisation devrait être récente : Lavigne (1939–1940: 461, 832, 669) par exemple indique encore pour le point 13 Cumières husse, (f.) usse (f.) et poûrte. À l’entrée porte, il donne d’abord une expression qu’il tient probablement d’un témoin Claquer la poûrte on nez qu’en bon patoisant14 il corrige immédiatement: « On disait plutôt Husse » ; l’ALLR par contre ne donnera qu’un [pu:rt] ; le type (b) huis est par ailleurs encore attesté à l’intérieur de l’aire porte: au point 5 Véry, on trouve en effet [üs] qui s’oppose à [pú:rt]. La substitution récente de porte à huis pourrait s’expliquer par l’influence du français, depuis longtemps particulièrement forte dans la région,15 et par les destructions et déplacements occasionnés par la Grande Guerre.

L’ancien et le moyen lorrain ont connu, comme le français, des formeshuis féminines, huisse (FEW 7, 437a).16 Pour le lorrain moderne, et notamment pour les parlers meusiens, ces formes sont données par Lanher (1981: 65), Lavigne (1940: 461) et Piquet (1929: 114) alors que l’ALLR connaît uniquement des formes masculines: « Le type huis est toujours masculin » (ALLR II, c. 363) Comme il est fort improbable que le genre masculin ait été généralisé si rapidement,17 les formes féminines étant par ailleurs soutenues par la présence de porte féminin, il faut admettre que les indications de l’ALLR sont de nouveau imprécises et que des formes du type huisse féminines subsistent en Lorraine.18

Au niveau du phonétisme, le mot présente des évolutions typiques pour la Lorraine:

·Le groupe ‘U:+Y19 dans ŪSTIUM a abouti aux résultats [ü—] et [ǜ—] alors qu’en français on trouve [ẅ—].20 Ces formes en [—ü], typiques pour les patois de l’est (Pope, 1973: 194 §517, 492 §VII, 494 §XIII), devraient résulter « de la monophtongaison d’un groupe [—ui] accentué sur le premier élément (Remacle 1948: 68 §27; Francard 1980: 86 §1.71, 73 §1.54). » En Lorraine, elles sont attestées depuis le XII e siècle (Remacle 1948: 68 §27).
·Le groupe — STY— a généralement évolué en [—s], [—ç] et [—x],21 des résultats qui caractérisent certains patois de l’est, dont le lorrain (Pope 1973: 132 §315, 489 §XVI, 494 §V) :

SSY1 ➛ ISS2 ➛ ISS3 ➛ IS4 ➛ ç5 ➛ x6

Commentaire:22

1.STY ➛ SSY (Bourciez 2006: 155 §147 R. III) ;
2.palatalisation de — SS — (IIe s.) et apparition d’un —I— de transition devant le groupe SS — (la Chaussée 1989: 73 §5.2.3.2, 179 §15.2.2. 2.1) ;23
3.dépalatalisation de — SS — (la Chaussée 1989: 80–81 §5.4.2.1.) ;
4.simplification de la géminée — SS — en — S — ;24
5.passage de [—s] —à [—ç—]; chute de —I— ; le phénomène a été décrit en détail par Bruneau (1913: 395–396 §237) : « L’s a pris le son chuintant sous l’influence du y issu de c. L’y exige le relèvement du dos de la langue, qui vient s’appuyer largement sur le palais: cette position est voisine de celle qu’exige le ç ; pour le s au contraire la langue reste étendue sur le plancher de la bouche et son extrémité seule vient toucher le palais un peu en arrière des incisives de la mâchoire supérieure. Il y a donc eu assimilation de l’s à l’y qui le précédait : celui-ci a ensuite disparu devant a sans se combiner avec la voyelle » ; il se pourrait par ailleurs que certains résultats [—ç], notamment aux points 80 Montdidier, 81 Angviller-lès-Bisping et 82 Assenoncourt, soient secondaires, résultant d’un passage de [—x] vers [—ç].
6.[—x] est attesté en lorrain depuis le XIIe s. (Horning 1887: 83).25

La répartition géographique des différents résultats ø, [—s], [—ç] et a été consignée sur notre carte phonétique et fait apparaître une structuration tripartite de la Lorraine sur un axe nord-est/sud-ouest.

Figure 3: Les résultats de lat. STY dans les parlers lorrains (Carte de base gracieusement mise à disposition par le Professeur Hans Goebl, Université de Salzbourg)

3.2.2 (b) heus

Le terme apparenté (b) heus qui caractérise la Lorraine devrait dériver d’un *OSTIUM (FEW7, 439b)26 attesté principalement en Lorraine27 et proche de la forme O:STIUM employée en latin classique écrit. Les patois lorrains se distinguent donc en l’occurrence du français par le fait qu’ils conservent des traces d’une latinité plus ancienne, moins influencée par le latin parlé et plus proche du latin de l’époque classique.

L’explication précise de l’évolution phonétique de OY – en [œ] fermé ou ouvert, … pose problème. Dondaine admet que OY – a donné, comme en français, [üy] simplifié ensuite en [ü] qui serait ensuite passé à [œ] (Dondaine 1972: 366) ; cet [œ] aurait pu ensuite se délabialiser en [e], [o].28

Du point de vue du sens et des formes, il n’y a aucune différence par rapport au type (b) huis.

Comme huis, heus désigne la ‘petite porte’, la ‘porte de la maison’ par opposition à porte la ‘grande porte’, la ‘porte de la grange’ : « La Porte l oec […] s’applique à toutes les portes sauf à celle de la grange […]. [L]a porte de la grange, le pwó:t » (Aub-Büscher 1962: 166 §292).

Comme précédemment, l’opposition heus/porte devrait être plus répandue que ne l’indique la carte de l’ALLR29: dans le Pays Messin, dans la Seille et Etangs, l’ALLR ne donne que le seul type heus alors que les indications de Zéliqzon (1924: 253a, 531a) montrent que cette opposition est respectée dans les parlers messins ; pour le point 123 La Bresse, l’ALLR ne donne que le type (a) heus, mais le chanoine Hingre distingue encore entre « Eukhe, […] toute espèce de porte, moins la porte cochère (Hingre 1981: I, 260) » et « Pwote, […] porte cochère (Hingre 1981: III, 549) ».

À côté des formes heus masculines devraient également exister des formes féminines: alors que Hingre (1981: I, 260) et Horning – parler de Zell/Labaroche – (1916: Z, 58b) indiquent uniquement le genre masculin, que Zéliqzon (1924: 253a), Aub-Büscher (1962: 166 §292) et Horning (1916: S, 135b) – parler de Schönenberg/Belmont – donnent à la fois les genres masculin et féminin, Labourasse – parler des Vouthons – (1970: 318) et Haillant (1885: 246–247) connaissent seulement le genre féminin.

Le type (a) heus est menacé. À l’ouest, il a été repoussé par huis: le point 27 Seigneulles présente à côté de [ǜs] ‘porte’ également l’ancien [dvã l oès] ‘dehors’ (ALLR IV, c. 1212) ; le coin meusien, formé des points 23 Mont-sous-les Côtes, 24 Rupt-en-Woëvre et 35 Jonville-en-Woëvre qui ont tous heus, pourrait représenter une poche de résistance. Au sud-ouest au contraire, c’est le type (c) porte qui s’étend aux dépens de heus: dans la Bassigny (65, 66, 67), au point 50 Grand et dans l’aire constituée des points 69 They-sous-Montfort, 89 Godoncourt et 90 La Haye, porte devrait désigner, comme en français à la fois ‘la grande porte’, ‘la porte de la grange’ et ‘la petite porte’, ‘la porte de la maison’.

3.2.3 (c) porte

Porte , qui vient du latin PORTAM, est attesté en français à partir du XIe siècle. En ancien et moyen français (Gdf, 10, 380a–b; DMF), porte désignait la ‘grande porte d’une ville’, la ‘porte extérieure de la maison’, s’opposant ainsi à huis ‘petite porte’, ‘porte extérieure d’une maison’. Lorsque huis disparaîtra au XVIIe, porte occupera seul l’ensemble du champ onomasiologique (FEW9, 198b–202a).

Comme nous l’avons développé plus haut, le lorrain, plus conservateur, a maintenu sur un domaine plus étendu que ne l’indique la carte de l’ ALLR l’ancienne opposition porte/huis: porte y désigne ‘la grande porte de la grange’, huis la ‘petite porte de la maison’. À l’ouest toutefois, l’influence française semble avoir imposé sur quelques aires le seul type porte qui désigne alors à la fois une ‘grande’ et une ‘petite porte’.

Le mot présente quelques problèmes phonétiques.

À l’ouest, apparaissent des formes du type [pú:rt avec 'O entravé par RT ayant évolué en [ú:]. Bruneau (1913: 264 §144), qui a étudié un phénomène similaire dans les patois ardennais, note qu’il est récent et qu’il pourrait s’expliquer par l’action de [r] qui tend à fermer les voyelles.

Au sud, sont attestées des formes du type [pwó:t]30 dont le groupe [wó:] devrait s’expliquer par un phénomène de diphtongaison. (Dondaine 1972: 336–342), (Bloch 1917/1978: 62–63 §40), (Francard 1980: 70–71 §1.52).

Aux points 74 Azelot, 75 Velaine-sous-Amance et 83 Coincourt, sont attestées des formes du type [pó:k] … avec [k] final qui devraient résulter d’un phénomène de palatalisation31: on a eu successivement [t] à [t’] à [k’] à [k].32


4 Quand les patois racontent l’histoire du français…

Le lorrain a conservé l’opposition huis ‘petite porte’/porte ‘grande porte’ abandonnée en français au XVIIe siècle. Ce maintien s’explique évidemment par le statisme naturel des patois, la Lorraine étant selon l’expression du professeur Jean Lanher, « un îlot très conservateur dans la Romania de l’est » (Lanher 1982: 52),33 mais aussi, probablement, par l’influence de l’adstrat germanique qui utilise la distinction similaire Tür/Pforte. Comme nous l’avions souligné dans l’étude sur la carte ALLRII 374, l’évier, (Reisdoerfer 2013: 67–70), l’influence germanique en Lorraine ne se limite pas seulement à de simples emprunts, mais peut s’inscrire également dans la structure sémantique des patois romans. À l’ouest toutefois, là où l’influence française est plus forte et plus ancienne, apparaissent des aires qui présentent uniquement porte désignant à la fois la ‘grande’ et la ‘petite porte’.

Le type (b) heus, qui caractérise le lorrain, nous paraît particulièrement intéressant. En effet, il devrait se rattacher à un latin OSTIUM proche de la forme utilisée en latin classique O:STIUM et dénoter donc en Lorraine la survivance occasionnelle d’une latinité plus ancienne. Nous nous proposons de revenir à cette hypothèse à l’occasion de l’analyse de la carte ALLR I, 157 le pommier, la pomme caractérisée par la survivance dans quelques patois lorrains du massif vosgien de l’ancien MALUM ‘pomme’ sous la forme d’un malier ‘pommier’ (FEW 6,1 122b; 123a–b).


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Notes

1 (Gérard/Peltre 1979: 43). Sur la maison lorraine en général, cf. (Gérard 1990: 18–30). retour

2 © Laurette Reisdoerfer. retour

3 Sur les différentes entrées, cf. également (Gérard 1990: 28–29). retour

4 [x] transcrit le ach-Laut. Notre système de notation phonétique s’inspire de celui utilisé dans l’ALLR ; cf. ALLR I, Transcription phonétique ; les différents types lorrains sont toujours mis en italique : (a) heus, (b) huis, (c) porte. retour

5 Cf. infra le commentaire du type (b) huis. retour

6 Cf. également le commentaire ajoutée à la carte de l'ALLR: « Quand les deux types huis et porte sont mentionnés simultanément, c'est que l'on distingue la porte d'habitation (intérieure ou extérieure), huis de la porte de grange, type porte. » retour

7 L’étude de Piquet porte sur le parler de Dombras proche du point 8 St.-Laurent-sur-Othain qui présente le type (b) huis. retour

8 Varlet a étudié les parlers de la Meuse; cf. également pour la Gaume (Massonnet 1962: 281). retour

9 Cf. également la situation, comparable, dans les parlers italiens, Ais V 880 (porta/uscio). retour

10 Voyelles et consonnes latines sont notées par des majuscules ; (:) marque la longueur. retour

11 La forme nous paraît surtout attestée dans les parlers de l’est, lorrain et wallon. retour

12 Sur les sens de huis/porte, cf. également FEW 7, 439b et (Nicot 1606: s. v. huis). retour

13 Des aires présentant une neutralisation de l’opposition huis/porte apparaissent dans tout l’ouest du domaine lorrain; cf. infra le commentaire du type (b) heus et la conclusion. retour

14 Sur les compétences linguistiques de Lavigne, celles, plus faibles, de ses témoins et les corrections apportées par l’auteur, cf. (Lavigne 1939–1940: 6). retour

15 Cf. ALLR 1, Introduction/Enquêtes. retour

16 Cf. supra. retour

17 La deuxième édition du glossaire de M. Lanher date de 1981, l'ouvrage de M. Lavigne est de 1939–1940, l'étude de M. Piquet date de 1929. retour

18 Sur les difficultés qu’on rencontre dans la détermination du genre de huis, cf. les remarques dans l'ALW 4, 71 Not. 23, c. 13, note 4: « Les q. 896 et 1660 devraient permettre de noter facilement le genre du mot. Il n’en est rien: les témoins, p.-ê. influencés par l'énoncé de la phrase fr., traduisent au fém., mais affirment ailleurs que huis est masc. » retour

19 Le signe (‘) devant une voyelle marque l’accentuation. retour

20 Pour l'évolution française, cf. (Bourciez 2006: 96 §81). retour

21 [—x] est uniquement attesté pour le type apparenté (a) heus, cf. infra; la forme [ü] au point 29 Ancerville devrait s’expliquer par l’influence du français [ẅi] ; pour l’évolution française, cf. (Fouché 1961 III: 679–680). retour

22 L’évolution phonétique et le commentaire sont fondés sur (Remacle 1944: 314, 332); l’évolution telle que nous la proposons a été simplifiée. retour

23 Sur le —I— de transition, cf. (la Chaussée 1989: 73–74 §5.2.4.) ; —SS’— est une demi-palatale, cf. (la Chaussée 1989: 64–65 §5.2.1.). retour

24 Sur cette évolution, cf. également (Zink 2013: 134). retour

25 Sur le son [x], cf. ALLR I, Transcription phonétique. retour

26 Sur cette étymologie, cf. également (Francard 1980: 73 §1.54). retour

27 D’après le FEW7, 439b, l’attestation ueis en ancien provençal remonterait également à OSTIUM. retour

28 Pour une autre hypothèse d’évolution, plus complexe toutefois, cf. (Fouché 1952: 2, 329 Remarque III) ; pour les résultats de ‘OY- en lorrain, cf. p. ex. ALLR III, c. 752 (la) cuisse < lat. COXAM, ALLR III, c. 752 (le) cuir < lat. CORIUM et ALW 1 c. 26 CUIR 124–125. retour

29 L’ALLR ne donne que 9 occurrences heus/porte. retour

30 Il s’agit des points 104 Le Clerjus, 113 Ranrupt et 116 Gemaingoutte. retour

31 Sur le phénomène de la palatalisation en français, cf. (la Chaussée 1989: 60–86 §5); sur le phénomène de la palatalisation en franc-comtois, cf. (Dondaine 1972: 126–134). retour

32 Point 47 Mamey: [pó:t] ; point 68 Dombrot-sur-Vair: [pó:t’] ; point 74 Azelot: [pó:k’] ; point 75 Velaine-sous-Amance: [pó:k]. retour

33 Sur le statisme des patois en général et des patois lorrains en particulier, cf. par exemple Bussmann (2006: 30) « Seen from a genetic and historical perspective, dialects must be considered older than standardized languages and can, therefore, in their modern form, be seen as a reflex of a historical development. » ; pour une explication générale du statisme des patois, cf. (Lodge 1993: 20–21); Milroy/Milroy 1999: 48–51); pour les patois lorrains, plus spécifiquement, cf. (Brun-Trigaud et al. 2005: 124): « conservatoire de formes archaïques : Le Jura, Les Vosges et le plateau lorrain. […] Les Vosges, limite entre les mondes latin et germanique, constituent un obstacle important au passage des hommes – et des mots […]. Elles ont des pentes orientales escarpées vers l’Alsace. A l’ouest, les pentes dirigées vers la Lorraine sont plus douces. Ces régions sont un conservatoire de formes archaïques. » ; pour une explication de la situation lorraine, cf. (Reisdoerfer 2011: 204–205): « Die patois lorrains gebrauchen nicht nur alte Bezeichnungen wie égrés und montée, sondern dieses Reliktgebiet hat praktisch die ganze Diachronie der Bezeichnungen für Treppe im Nordfranzösischen bewahrt: gré, (esgrés), degré, (degrées) montée und escalier. Die Gründe sind mannigfaltig: die politisch-geographische Exzentrizität, die Geomorphologie, die durch die Côtes de Meuse und die Côtes de la Moselle (Schichtstufengebiet), durch Flüsse, wie Meuse und Moselle, das Gebiet gegen den Einfluss aus Paris und der Île de France abschirmt, aber auch die bewegte Geschichte der Lorraine. Man sollte nämlich nie vergessen, wie das leider viel zu oft in einer jakobinischen Historiographie geschieht, dass Lothringen bis tief ins 18. Jh. mehr oder weniger vom Royaume unabhängig war und erst 1766, nach dem Tode des letzten Duc de Lorraine, Stanislas I er Leszczynski, offiziell zu Frankreich kam. » retour