L’imagination et le vivant : une relation environnementale au siècle des Lumières
Resumen
Après avoir rappelé la fonction centrale qu’a joué l’imagination, en particulier l’imagination romantique, dans l’émergence de l’écocritique américaine et de l’écopoétique européenne, je propose d’y contribuer en remontant aux dernières décennies des Lumières, pour suivre le fil des liens de l’imagination au vivant dans quelques théories et discours français et francophones. À partir d’un choix concis de traités médicaux, d’essais philosophiques et de textes littéraires, notamment de Rousseau, l’enjeu consiste à cerner les transformations d’une imagination mécaniste héritée de Descartes – modèle particulièrement influent dans les sciences du XVIIIe siècle, mais problématique pour penser le vivant – en un modèle biocentrique qui ancre l’imagination dans les fibres du corps et dans une nature sensible. Plaque tournante des savoirs, l’imagination y est conçue comme l’instance par excellence de la relation, parce qu’elle inscrit le sujet dans son environnement. D’une relation perçue à une relation revécue, d’une relation heuristique à une relation inventée, elle se renverse d’une passivité mécanique en une activité générative qui fait de l’expérience du monde une connaissance des connexions, investie de valeurs morales, sociales et politiques. Mais comme on le verra dans la Contemplation de la nature (1781) de Charles Bonnet, c’est aussi l’instance d’une réflexivité critique permettant de mesurer les limites du savoir humain.
Mots-clés : écocritique, écopoétique, imagination, romantisme, savoirs des Lumières, Rousseau, Charles Bonnet.
Licencia
Derechos de autor 2023 Dominique Kunz Westerhoff
Esta obra está bajo una licencia internacional Creative Commons Atribución 4.0.