Résumé
Durant longtemps, le traitement intellectuel (classement, tri, analyse, description) des archives anciennes a été l’occupation privilégiée des archivistes. Ces dernières décennies, la donne a changé. Le métier s’est transformé pour répondre aux multiples défis d’une société numérique et de l’information. Les activités se sont diversifiées et de nouveaux impératifs ont émergé. Dans ce grand chamboulement nécessaire, qu’est devenue cette tâche traditionnelle ? Est-elle encore d’actualité dans les services d’archives ? Si oui, ces derniers ont-ils encore l’aptitude de s’en occuper ? En effet, la prise en charge d’archives grosso modo antérieures à 1850 exige des compétences spécifiques, car ces documents présentent des difficultés qui en compliquent la compréhension (écritures et langues anciennes, contexte historique, etc.). Or, plusieurs signaux indiquent que ces compétences se raréfient aujourd’hui, avec le risque corollaire que notre société se coupe progressivement de tout un patrimoine pourtant précieux, à la fois clé d’accès unique à notre passé et garant des liens entre les hommes et les femmes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Pour répondre à ces questions, une enquête qualitative a été menée auprès des responsables des Archives cantonales romandes et de trois autres entités institutionnelles qui conservent des documents anciens et qui étaient susceptibles d’être concernés par le traitement intellectuel d’archives anciennes. Les données obtenues lors d’entretiens semi-directifs ont permis de dresser un état des lieux des pratiques actuelles en Suisse romande et de mettre en évidence des éléments qui méritent d’être pris en considération pour optimiser la situation. Sur cette base, une réflexion personnelle a été développée qui se veut avant tout une proposition d’un nouvel état d’esprit qui puisse servir au renouvellement de l’approche du domaine ainsi qu’à une action mutualisée et collaborative.


